DOSSIER : affaire Julien Charnolé : 2006 > 2011


 

[L’affaire Julien Charnolé est une variante étonnante de paternité volée : la mère fait croire à son compagnon que le vrai père est un présumé violeur ! Cette affaire montre la nécessité d’accorder aux pères le droit au test de paternité dès la naissance, et sans passer par une autorisation judiciaire. S’il avait eu ce droit, cet homme aurait pu avoir une connaissance certaine de sa paternité malgré les mensonges de sa compagne, et l’exercer immédiatement. Toutes les manipulations qui ont suivi et les souffrances engendrées par elles auraient été évitées. Quel gâchis !] 

 

Le site de Julien : www.j-charnole.fr/

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« Faire entendre la parole du père »

 Julien Charnolé rêve de connaître sa fille et de l’élever. C’est aujourd’hui à la justice d’en décider, car la mère a choisi de la faire adopter.

Le délai légal pour s’opposer à l’adoption de son enfant est de deux mois. Encore faut-il savoir que cet enfant est le sien.

Avec le soutien de l’association nationale Droit à leur origine, dont le siège est à Yzeure, Julien Charnolé se bat pour connaître et voir grandir sa fille, aujourd’hui âgée de 3 ans. Il ne l’a jamais vue. Car la mère, ex-compagne de Julien, a choisi de la faire adopter. Il connaissait son existence, sans savoir qu’elle était sa fille.

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« J’ai su que j’étais papa. Dès cet instant, elle est devenue ma fille »

Un long combat a démarré pour lui le 9 janvier 2008, « mais je suis déterminé », dit-il. Ce jour-là, le test de paternité est formel : c’est lui le père. Mais la petite est alors née depuis plus d’un an et demi. Et elle est prise en charge par la Famille adoptive française (lire ci-dessous), une association chargée de lui trouver des parents :

« J’ai réellement su que ma copine était enceinte la veille de son accouchement. Elle m’avait caché son état. Et quand je suis allé à la maternité, on m’a dit qu’elle avait déposé plainte, que cet enfant était le fruit d’un viol et qu’elle allait le faire adopter », se souvient Julien.

Pour lui, le viol expliquait tout naturellement la dissimulation de la grossesse : « Quand on aime quelqu’un, on n’a pas de raison de douter de ce qu’on vous raconte. Et quand je lui posais des questions sur son corps qui changeait, elle évoquait une maladie qui la faisait gonfler ».

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« Je me suis laissé faire »

Julien aurait alors proposé à sa petite-amie de reconnaître l’enfant et de l’élever : « Mais elle a refusé. Moi, je me suis laissé faire. Si j’avais su… » La jeune femme avait déjà contacté la FAF et mis au monde un enfant sans filiation (lire ci-contre). « Elle avait fait son deuil ».

Dans le cadre de l’enquête sur le viol, un test ADN a été effectué sur la fillette : « Le juge doutait de la véracité de cette histoire. J’ai alors fait un test ADN et j’ai su que j’étais papa. Dès cet instant, elle est devenue ma fille et j’ai donc décidé de la reconnaître. J’ai aussi alerté les institutions de l’État et l’organisme d’adoption pour qu’ils arrêtent la procédure ».

Au même moment, la FAF plaçait la petite dans une famille adoptante. Et entamait une procédure pour faire annuler la reconnaissance de paternité (1).

L’oeuvre d’adoption privée a également lancé avec la famille adoptive la procédure de demande d’adoption plénière (2).

Avec son avocat Me Verdier, Julien a effectué une « intervention volontaire dans la procédure d’adoption pour faire entendre la parole du père ».

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Deux procédures judiciaires en cours

Dans l’attente de la décision de la justice, Julien, sa famille et les associations qui les soutiennent alertent l’opinion. Et dénoncent « des manquements graves dans le respect des procédures ».

Julien sait où elle se trouve, mais il n’a pas essayé de voir sa fille. Même s’il rêve de la rencontrer…

 

Elsa Charnay

(1) En première instance, la justice a débouté Julien de sa paternité. Il a fait appel de cette décision.

(2) L’audience a eu lieu le 26 mars au TGI de Montargis et le jugement a été mis en délibéré au 28 mai. Soutenu par les associations, Julien s’oppose à l’adoption de sa fille.

La Montagne, 21 avril 2009

www.lamontagne.fr/editions_locales/moulins/_faire_entendre_la_parole_du_pere_@CARGNjFdJSsEHx8NBRk-.html

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28 mai 2009

Le tribunal de grande instance de Montargis prononce l’adoption plénière de la petite fille par le couple du Loiret, arguant que la paternité a été déclarée trop tard . Julien fait appel.

 

25 février 2010

La Cour d’appel de Paris confirme l’annulation de la reconnaissance en paternité qu’il avait faite une fois découvert le mensonge. Julien se pourvoit en Cassation.

 

14 mai 2010

La Cour d’appel d’Orléans confirme l’adoption plénière par la famille adoptive. Julien se pourvoit en Cassation

 

1 juin 2011

 

 La Cour de Cassation rejette les deux pourvois de Julien, concernant l’un l’annulation de la reconnaissance en paternité, et l’autre la confirmation de l’adoption plénière. L’adoption est désormais définitive.

 
 
 


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