Masculinité en débandade... Féminité la revanche.. !? Lucien Jacquemet, Réel, janvier 2006


[Voilà du renfort du côté de la psy (on lit avec intérêt le quatrième paragraphe où il est question des dérives misandres dans ces milieux). Pour le reste, nous nous y retrouvons très bien.]
 
Masculinité en débandade… Féminité la revanche.. !?
 
Se faire face à soi-même, toi femme, moi homme, dans la parole et le geste enfin délivrés des angoisses pour construire ensemble le monde à venir
 
L’homme… violeur, pédophile… ? Grand absent de ses responsabilités ? Responsable de la souffrance féminine… ? Qu’il soit père, époux ou amant, l’homme doit aujourd’hui payer le tribut de ses erreurs. Haro sur le mâle enfin fléchissant ! Le temps de la chasse, de la lutte contre les éléments, des constructions toujours à refaire, des laborieuses moissons et de la survie, est révolu depuis assez longtemps dans nos pays pour qu’on en ait oublié la servitude.
 
La femme n’a plus le même besoin de protection, ne craint plus pour la survie de sa progéniture… ! Et, qui plus est, le monde d’aujourd’hui, construit par les « mecs », remplace l’antique menace de la nature par des menaces mécaniques et toxiques… La femme tient dans ses mains de bons arguments… ! Gare à la vengeance… ! On la voit se profiler… ! Très fémininement induite et déjà « récupérée »… : les médias, les prospecteurs(rices) de marchés ont flairé le gibier. Gourous et faux prophètes des deux sexes tissent leur toile de séduction autour d’un féminin immature, avide d’un ailleurs, plus ou moins confusément sans homme, sauf celui irréel de leur rêve. Exacte reproduction de ce qui a perdu le masculin et l’a mené à son pouvoir destructeur !
 
Et, c’est presque le pire, même des gens de bonne volonté dans le monde psy ou du développement personnel peuvent entrer dans le piège. Le féminin a bonne presse. Il se vend bien, à l’étal des cosmétiques, comme à l’autel des nouvelles spiritualités. C’est « tendance ».
 
L’homme définitivement repoussé dans le musée des erreurs ? Pas tout à fait encore tout de même … ! Pourtant le quotidien le met en évidence : si la violence du masculin est lisible, répréhensible et déclenche le haut-le-cœur des « foules sentimentales », la violence au féminin existe aussi, évidente ou sournoise, plus subtile, mais non moins dangereuse, s’immisçant par les failles de la cuirasse masculine pour atteindre la sensibilité affective fragile du mâle. Simplement, dénoncer cela est tabou, difficile à mettre en évidence, donc non-pénalisable, comme l’inceste maternel l’est encore aussi. L’homme s’y prend les pieds, réagit par la violence et se met en statut potentiel de condamné, ce que l’on ne peut réfuter, certes. Et forcément, seule est dénoncée ouvertement et condamnée la « violence de type masculin » des femmes. Cette situation torpille les inconscients des deux bords.
 
Bien sûr, l’évolution va vite, trop vite. Le féminin, c’est toujours vrai, souffre encore de la tyrannie masculine. Mais au nom de cet atavisme peu glorieux de nos évolutions antérieures, doit-on laisser s’installer une dérive d’assujettissement et de mépris du masculin ?
 
En effet, la tendance se renverse, nous y sommes ! La fonction d’homme-objet est déjà « activée » : on le voit, le beau mâle, exposé dans les salles obscures – comme l’est depuis longtemps la femme-objet – aux appétits non moins obscurs de femmes rassemblées là pour enfin « rire de lui » ; pour le toucher, même, jusqu’en ses parties les plus intimes, oui, rien que pour en rire ! (strip-tease masculin vu à la T.V. à une heure de grande écoute !). King Kong enfin domestiqué. L’homme rangé au rayon des produits « dégriffés ».
 
Pitoyable spectacle
 
« Aux âmes citoyens ! » Non ce n’est pas le féminin qui est en danger, ni le masculin, c’est l’être humain véritable dans sa dimension spirituelle. Celle-ci, seule pourtant, pourrait le hisser hors de la portée de la guerre des sexes ! Nous atteignons enfin le point où nous allons devoir prendre en compte la réalité : tout acte de soumission, d’agression, de mépris, de domination, de haine, de complaisance d’un sexe à l’égard de l’autre est un acte contre l’humain. Un acte qui tôt ou tard se retourne contre nous-mêmes qui que nous soyons. L’humain a besoin de la confrontation masculin/féminin. C’est un défi placé là depuis l’origine de la planète, pour de bonnes raisons que l’on peut bien pressentir. Aucun ne survivra sans l’autre.
 
Car non, le féminin ne sauvera pas le monde sans le masculin, ni le féminin sans le masculin. Par éthique, s’interdire de prendre la défense de l’un contre l’autre, ou de réprimer dans le déni des souffrances… Le féminin et le masculin, au niveau psychique de base, sont des polarités « incompatibles ». Alors, élevons la conscience en soignant au passage les blessures du passé. Notre conscience adulte enfin conquise par son ancrage dans une dimension spirituelle authentiquement incarnée, la clarté de la merveilleuse complémentarité rayonne alors dans les âmes féminines et masculines. S’entrevoient pour chacun ce que depuis longtemps nous « les Noces chimiques ». Union merveilleusement complémentaire des forces sexualisées, s’inversant interactivement selon les niveaux physiques, biologiques, psychiques et spirituels, en un jeu d’une richesse foisonnante sans fin, à partager, entre homme et femme, à savourer, cultiver, pour des enfantements de tous ordres, y compris celui d’un monde enfin vivant et producteur de vie.
 
Se faire face à soi-même, toi femme, moi homme, dans la parole et le geste enfin délivrés des angoisses pour construire ensemble le monde à venir. Oui, c’est possible, et c’est bon !
 
Jean-Lucien Jacquemet mène des actions de formation, conseil, évolution personnelle et thérapie de et par l’expression. Il est l’auteur de : « Les nouveaux ancêtres » (Les trois arches), « La gymnastique Bothmer, un yoga pour l’occident », « le fisl du dauphin », « Aurélien ou le for intérieur ».
 


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