Un chemin de croix placé sous le signe des femmes. Le Monde, 7 avril 2007


 
[Une curiosité : la réactualisation par de hauts responsables pontificaux (avec l’accord du pape ?) d’arguments misandres abondamment servis pendant tout le Moyen-Age et au-delà : ce sont les méchants hommes, et non les femmes, qui ont condamné à mort le Christ ; ce sont les généreuses femmes, et non les hommes, qui l’ont accompagné jusqu’au bout dans son calvaire ; plus généralement, c’est elles, et elles seules qui portent la souffrance du monde, et donc elles qu’il est venu soulager. Décidément, tout est bon pour se raccrocher à l’air du temps. ]
 
 
Un chemin de croix placé sous le signe des femmes
 
Le pape Benoît XVI a présidé vendredi soir 6 avril, au Colisée à Rome, le traditionnel chemin de croix commémorant deux jours avant Pâques la "Passion du Christ". Surplombé par une croix enflammée et entouré par une foule de milliers de fidèles, Benoît XVI a porté la croix de bois pour la première et la dernière des 14 "stations" retraçant les étapes de la mise à mort du Christ.
 
Le bibliste italien Gianfranco Ravasi, choisi par le pape pour rédiger les méditations du chemin de croix, y a évoqué dans la 9e station "l’univers de mères, de filles et de soeurs" entourant Jésus au moment de sa mort.
 
"A côté de lui, nous imaginons désormais aussi toutes les femmes humiliées et violées, les femmes marginalisées et soumises à des pratiques tribales indignes, les femmes en crise et seules face à leur maternité, les mères juives et palestiniennes et celles de toutes les terres en guerre, les veuves et les femmes âgées oubliées de leurs enfants", a ajouté Mgr Ravasi.
 
Cette "longue liste de femmes qui témoignent du don de la tendresse et de l’émotion à un monde dur et sans pitié (...) nous enseignent la beauté des sentiments", a-t-il commenté.
 

LES "RAISONS DU CŒUR"

 En fin d’après midi Benoît XVI avait présidé la messe du Vendredi Saint dans la basilique Saint-Pierre au Vatican. Comme il est de tradition, ce n’est pas lui qui a prononcé l’homélie mais le prédicateur de la maison pontificale, le père Raniero Cantalamessa.

Le religieux a lui aussi parlé des femmes, évoquant "l’exigence" toujours plus forte de leur accorder "plus de place". "Aucune femme n’a été impliquée, même indirectement, dans la condamnation" de Jésus, et "les femmes l’avaient suivi pour lui-même, par gratitude pour le bien qu’elles en avaient reçu, et non dans l’espoir de faire carrière" a-t-il argumenté.

La présence des femmes autour de Jésus "contient un enseignement vital pour nous aujourd’hui", a-t-il dit : "notre civilisation dominée par la technique a besoin d’un coeur pour que l’homme puisse survivre. Nous devons faire plus de place aux ’raisons du cœur’ si nous voulons éviter que notre planète, pendant qu’elle se réchauffe physiquement, replonge spirituellement dans une ère glaciale".



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