Hoministes, oui - masculinistes, non merci. Patrick Guillot (2006 + màj)


 

 

Parmi les excellentes raisons que nous avons de ne pas nous définir comme "masculinistes", il y a que ce néologisme a été créé et est utilisé contre nous, pour nous discréditer, par nos adversaires, les idéologues misandres*. Dans leur esprit, il est tout simplement synonyme de "misogyne", et il est largement connoté ainsi dans le public.

 

Cette connotation négative est d’autant plus facile à installer que le mot a une consonance rude, lourde, est relativement difficile à prononcer et désagréable à entendre. Et aussi qu’il suggère que la cause qu’il prétend désigner n’est celle que d’une moitié de la population, la masculine - laquelle serait en concurrence voire en conflit avec l’autre moitié, la féminine. 

 

Ainsi, pur produit de l’imagination morbide des misandres, le "masculinisme" n’est qu’un épouvantail diabolisant, une entité-repoussoir. A vrai dire, il n’existe pas : il n’existe ni programme masculiniste, ni théorie masculiniste, ni vision du monde masculiniste... 

 

En ce qui nous concerne, nous avons la prétention de créer nos propres repères, notre propre terminologie, et de leur donner un contenu. Pour nous, la parole des hommes en quête d’identité et de justice n’a pas à se définir en opposition à la parole des femmes qui ont la même quête. Il n’est pas souhaitable de reproduire à l’envers ce que l’on peut reprocher au féminisme (et même si cela s’explique au départ par le contexte historique), à savoir de n’envisager la plupart du temps les problèmes que du point de vue d’un genre, et donc d’exclure l’autre genre, alors que les dits problèmes concernent les deux genres indissociablement.

 

L’avantage d’"hominisme" est que sa racine (latine) homo, hominis signifie "homme" au sens d’"humain" (et non par opposition à "femme"). Le terme rend bien compte de l’originalité de notre démarche : la défense des droits et de la dignité d’un genre implique aussi et indissociablement la défense des droits et de la dignité de l’autre genre, et non pas la concurrence ou l’opposition avec lui. Il renvoie donc à la fois au masculin et au féminin, donc à l’humain. L’hominisme est un prolongement du féminisme, et son élargissement à la dimension de l’humain.

 

De plus c’est un mot léger, facile à prononcer et agréable à entendre. Même s’il amuse parfois, mais c’est un passage obligé pour tous les néologismes.

 

Si, parce qu’ils sous-estiment l’importance du vocabulaire, certains acceptaient de se laisser désigner par l’adversaire comme "masculinistes", nous les appellerions à davantage de rigueur et à refuser cette désignation, faute de quoi ils feraient le jeu de celui-ci. 

 

A ceux qui nous disent que le terme "hominisme" ne leur convient pas, qu’il a tel ou tel défaut et qu’il faut attendre d’en trouver un meilleur, nous disons qu’ils perdent un temps précieux, car jamais ils ne trouveront plus simple, plus adéquat, plus efficace. Et en attendant, ils seront catalogués comme... "masculinistes".

 

Et à ceux qui refusent tous les néologismes, sous prétexte qu’ils ne rendent pas compte de la complexité de notre démarche, qu’ils nous enferment et nous dogmatisent, nous disons qu’aucun courant de pensée ne peut se dispenser d’un néologisme créé par lui-même, pour s’identifier et être correctement identifié par les autres ; qu’ils se privent d’une arme essentielle dans le combat des idées ; qu’ils s’installent dans un flou où le public ne pourra les distinguer. Et qu’au final c’est l’adversaire qui les enfermera, en les cataloguant comme... "masculinistes".

 

Quant aux véritables misogynes, point n’est besoin d’un nouveau terme pour les désigner, celui qui existe convient très bien. D’autant qu’ils n’ont rien de nouveau : ce sont les représentants des ailes intégristes des trois grandes religions monothéistes (judaïsme, christianisme, islam). Ne laissons pas les misandres nous assimiler à eux, en nous englobant sous l’étiquette... "masculinistes". 

 

Laissons le "masculinisme" aux misandres. L’avenir est à l’hominisme.

 

Patrick Guillot, 2006 (maj 2010, 2012)

 

* Même si elle n’est pas, comme elle le prétend, la créatrice du néologisme, la radicale-féministe Michèle Le Doeuff en a proposé la définition la plus connue, dans L’étude et le rouet, vol.1, 15. Seuil, 1989. Elle y écrit : « Pour nommer ce particularisme, qui non seulement n’envisage que l’histoire ou la vie sociale des hommes, mais encore double cette limitation d’une affirmation (il n’y a qu’eux qui comptent et leur point de vue), j’ai forgé le terme de masculinisme.  »

 



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