Manon Garcia (1985-), la questionneuse (feinte)
Manon Garcia, la questionneuse (feinte)
"Philosophe", auteure d’une pléthore de livres aux titres à connotation désagréablement misandre : On ne naît pas soumise, on le devient (Climats, 2018). Philosophie féministe, patriarcat, savoirs justice (Climats, 2021). La conversation des sexes : philosophie du consentement (Climats, 2021). Vivre avec les hommes : réflexions sur le procès Pélicot (Climats, 2025).
Nous nous contenterons d’en évoquer un seul, Vivre avec les hommes, lequel a suffi à nous édifier sur l’idéologie de son auteure. Elle est une idéologue misandre, qui diffère peut-être des misandres classiques par sa capacité à éviter les affirmations brutales (du genre "Les hommes sont tous des violeurs") pour leur préférer des questionnements feints, des sous-entendus, des suggestions ("Seraient-ils vraiment tous des violeurs ?"). Le procédé étant récurrent, il est inutile de procéder à une analyse détaillée ; nous nous contenterons de citer et commenter quelques extraits emblématiques.
Vivre avec les hommes est sous-titré Réflexions sur le procès Pélicot, fameux procès de cinquante hommes impliqués dans le viol d’une femme préalablement droguée par son mari, auquel a assisté l’auteure. Il va de soi que nous sommes totalement solidaires de cette femme, Gisèle Pélicot, et totalement révulsés par le comportement de ces hommes, qui font honte à la masculinité.
Il est à noter que, comme dans de nombreux ouvrages de ce type, certaines catégories de viol sont occultées : les viols de femmes par des femmes, et les viols d’hommes par des femmes ou des hommes. Seuls sont envisagés les viols de femmes par des hommes. Certes c’est cette catégorie qui est jugée dans le procès, mais cela ne l’a pas empêchée pas d’élargir sa réflexion aux viols commis dans l’ensemble de la société. Cette occultation n’a pas de justification.
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Aucune administration pénitentiaire ne sera suffisamment large, puissante, efficace, pour que les hommes arrêtent de violer. mais si "laisser la justice faire son travail" , comme y enjoignent toujours les gens qui s’inquiètent des débordements féministe, n’a aucune chance de résoudre le problème, que faire ? Comme beaucoup de femmes, une question ne cesse de me tarauder, de me hanter, qui revient, lancinante, quand je m’y attends le moins : peut-on vivre avec les hommes ? A quel prix ? (p. 18)
- Ca commence mal. C’est clair, ce sont bien "les hommes" qui violent, et non "des" hommes : procédé sexiste de surgénéralisation, que l’on retrouve tout au long du texte.
- "peut-on vivre avec les hommes ? A quel prix ?". Deux questions étranges, auxquelles il n’est pas répondu. Souhaiterait-elle un séparatisme ? On ne le saura pas. Mais l’on comprend que la vie "avec les hommes" est un enfer. C’est le procédé de la suggestion. Au fait, est-ce qu’hommes et femmes ne vivent pas ensemble depuis des millénaires, sans que la survie de l’espèce soit pour autant compromise ?
La colère. J’ai envie de hurler, tout le temps. Je suis à l’aéroport. Deux hommes, la cinquantaine boivent un café, ils travaillent ensemble, à en juger par leur attitude et le volume de leur voix, je les imagine un peu machos. Alliances. Ils violent leur épouse dans son sommeil, eux ? Et lui, le petit vieux qui ne paie pas de mine ? Le jeune homme ? Comment savoir ? Comment être en sécurité ? Où ? Plus de quatre-vingt hommes. Des centaines ont dû voir les posts. Personne n’a rien dit. J’ai lu des extraits du forum du site Coco : "Bonjour, je cherche un maître diffuseur pour exhiber ma cochonne à ma demande." Est-ce que ça peut arriver à n’importe qui ? Est-ce que n’importe quel homme qui passe aux yeux de son épouse pour un "chic type" est susceptible de la violer et de s’en vanter en ligne ? Je les regarde, les hommes, dans la rue, dans le métro. Et lui, tu crois que ça l’excite, les meufs mortes ? Et lui ? En sécurité nulle part. Tu es parano. Non, tu n’es pas parano, tu connais les chiffres, c’est pire. (p. 113)
Elle est à l’aéroport et elle regarde"les" hommes. Et le procès Pélicot l’autorise à un délire imaginatif : peut-être que tous ces hommes sont à l’image des mis en cause du procès, c’est-à-dire des violeurs. Et même peut-être "n’importe quel homme". Cette production imaginative est complètement gratuite, elle ne démontre rien, mais peu importe. Il s’agit de suggérer.
D’autre part, tout est formulé comme un questionnement : elle n’est pas sûre, elle se pose des questions. Mais la réponse est implicite : oui, tous violeurs, "En sécurité nulle part."
Comme ces hommes qui disent qu’ils aiment les femmes parce qu’elles mettent de la beauté dans le monde. Les pots de fleurs vous remercient. (p. 206)
Stupéfiant. "Elles mettent de la beauté dans le monde", ce n’est pas laudatif, c’est méprisant !
J’admire le calme de Gisèle, son espoir malgré tout et j’esssaie sans cesse de garder cette lumière avec moi. Mais je vois aussi déjà comme elle est utilisée pour faire le tri entre bonnes et mauvaises féministes, celles qui crient et celles qui acceptent la justice. Je croyais que c’était en partie à nous de nous demander si nous devrions vraiment aimer les hommes comme nous les aimons, mais je commence à penser qu’il faudrait qu’ils aiment un peu les femmes. Un peu, juste un peu. Qu’ils nous aiment un peu pour qu’on puisse continuer à les aimer. (p. 210 = conclusion)
- Encore la surgénéralisation, implicite : "les hommes" n’aiment pas vraiment "les" femmes = "les hommes" sont tous comme les violeurs de Pélicot.
- "Les" femmes sont décrites en position de supériorité morale : elles aiment les hommes, elles font tout leur possible, mais eux ne leur rendent pas cet amour. Ils ne font pas d’effort. Les femmes ont des sentiments, les hommes n’en ont pas. Et en plus, un petit brin de chantage : s’ils continuent, ils risquent de ne plus être aimés par nous. Le mépris condescendant.
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