Affaire Iacono : un expert admet une "possible erreur". Nice-matin, 13 janvier 2012


 

Les fausses accusations prennent corps par l’aveuglement successif de plusieurs catégories professionnelles (enquêteurs, travailleurs sociaux, etc.) Lorsqu’on atteint le stade du procès, alors qu’il n’y a par définition ni aveux, ni témoins, ni preuves, ce sont les "experts" psys qui tiennent un rôle déterminant... et très dangereux. Leur présumé savoir devient en effet le dernier recours des jurys en recherche de vérité.

Rappel de l’affaire Iacono :

En 2000, Gabriel Iacono, âgé de neuf ans, petit-fils de Christian Iacono, radiologue et maire de Vence, accuse son grand-père de l’avoir violé, entre 1996 et 1998, alors qu’il avait entre cinq et huit ans, dans sa villa. En avril 2009, Christian est condamné à neuf ans de réclusion par la Cour d’assises des Alpes-Maritimes. Christian fait appel et est à nouveau condamné, en février 2011, à la même peine, par la Cour d’assises d’Aix-en-Provence. Mais, quelques semaines plus tard, Gabriel revient sur ses accusations. S’appuyant sur cette rétractation, Christian saisit la Commission de révision des condamnations pénales, qui ordonne en 2013 la saisine de la Cour de révision, laquelle décide en  2014 qu’une nouvelle Cour d’Assises doit rejuger. Le 25 mars 2015 celle de Lyon acquitte définitivement Christian, à l’issue d’un procès ou Gabriel a confirmé sa totale rétractation.

Au cours de la procédure, deux tandems d’"experts" (Thierry Delcourt, Jean-Luc Ployé / Benoît Hoestlandt, ?) ont affirmé la crédibilité de Gabriel et la réalité du viol. Au troisième procès, à Lyon, quatre ans après la rétractation de Gabriel, ils étaient encore trois à maintenir ce point de vue malgré l’évidence. Un entêtement qui donne le frisson car leur erreur et le crédit excessif qui leur a été accordé par les jurys ont sans doute été déterminants dans le prononcé des deux condamnations.

Un quatrième, Thierry Delcourt, dont l’interview est reproduit ci-après, est revenu sur ses certitudes. Certes les mots qu’il emploie sont faibles par rapport à l’enjeu : on préférerait ceux de d’"excuses" voire de "remords". De plus, il s’abrite piteusement derrière le fait que c’est son collègue qui a rédigé leur rapport ! Mais c’est mieux que l’obstination honteuse de ses collègues. Il nous confirme plusieurs choses :

 - face au jeu des grands manipulateurs et des grands mythomanes, les experts sont complètement démunis... mais bien incapables de le reconnaître.

- tout "experts" qu’ils soient, ils sont comme comme tout un chacun conditionnés par l’idéologie misandre, et donc a priori plus disposés à croire la parole d’un enfant ou d’une femme accusant un homme que celle de ce dernier ;

 - puisqu’il n’y a ni aveux, ni preuves, les jurys demandent beaucoup trop aux "experts" : ils leur demandent une vérité que ceux-ci sont bien incapables de leur donner... mais leur donnent quand même en s’appuyant sur une pure subjectivité.

 

Affaire iacono : un expert admet une "possible erreur"

Expert judiciaire, le pédopsychiatre Thierry Delcourt avait examiné le petit-fils de l’ex-maire de Vence et conforté ses accusations de viol. À demi-mot, il confesse une « possible erreur »

À la demande du juge d’instruction, le docteur rémois Thierry Delcourt a examiné en septembre 2000 Gabriel Iacono. Un enfant « d’une intelligence supérieure à la moyenne, ouvert à la vie et n’ayant pas la langue dans sa poche ». À la barre de la cour d’assises des Alpes-Maritimes, le pédopsychiatre avait conforté les accusations de viol lancées par l’adolescent à l’encontre de son grand-père*. S’attirant les foudres des avocats de la défense et cette réplique cinglante du redouté Eric Dupont-Moretti : « Dites tout de suite que Christian Iacono est coupable. On va gagner du temps ».

À l’époque, vous avez décrit Gabriel comme très perturbé…
Oui, avec des manifestations d’angoisse, des cauchemars, des flashs de vécu traumatique, des troubles du comportement auto-destructeurs et agressifs.

Que pensez-vous de sa rétractation ?
Elle m’a extrêmement surpris. A l’examen, je n’avais détecté aucun indice de simulation, de manipulation par les parents ou encore de construction psychique (son grand-père est présenté comme un méchant, alors de manière inconsciente, il l’accuse). Je n’ai peut-être pas vu cette construction.

Donc ce revirement vous a laissé pantois ?
En même temps, je ne fus qu’à moitié surpris. Au premier procès, Gabriel est revenu sur les accusations portées contre un second agresseur sexuel. Cela m’a laissé très perplexe et je l’ai dit. À ce moment-là, je me suis désolidarisé de Jean-Luc Ployé, mon co-expert.

Gabriel a déclaré : « C’est un autre qui m’a violé », puis : « Personne ne m’a violé ».
Vous me demandez pourquoi ce n’est pas simple… C’est tout l’embarras de ce dossier, avec la mise en place d’un système de mensonges, ou plus précisément d’une réalité psychique éloignée de la vérité réelle.

Gabriel aurait donc menti de manière inconsciente ?
Dans son cas, oui. À l’âge de 9 ans, il aurait été pris dans des conflits très importants avec le grand-père, mais également entre ses parents.

Dit-il aujourd’hui la vérité ?
On doit le considérer comme tel, même s’il reste du flou. Personne ne peut dire, dans cette pagaille, où est la vérité. Cependant, les dernières déclarations de Gabriel doivent bénéficier à son grand-père.

Que vous inspire la situation de ce dernier ?
Il a été accusé, il a déjà payé d’une galère d’une dizaine d’années. S’il n’est pas coupable, c’est dramatique. S’il n’obtient pas une révision, il est capable, selon moi, de se suicider.

Son petit-fils accuse les experts de « l’avoir enfermé dans son mensonge »...
Effectivement (soupir). Il dit en substance : c’est la justice qui m’a mis dans cette panade, c’est à elle de m’en sortir. Là, c’est un peu pervers.

Avant ses accusations, il n’avait jamais parlé d’abus sexuel à un psychothérapeute et à un pédopsychiatre…
Ce n’est pas pertinent. Les enfants sont conduits à une psychothérapie. Ils ne sont pas demandeurs. Il leur faut une confiance très importante, parfois deux ans avant d’oser parler d’un traumatisme.

Vous avez jugé Gabriel crédible…
La crédibilité n’était pas relative à ce qu’il a dit, mais à la cohérence, réelle, entre son état psychique et les faits allégués.

Vous êtes-vous trompés sur son cas ?
À s’en tenir au bilan psychologique, non. Par contre l’erreur vient peut-être de ce quelque chose qui s’est mis en place et que je n’ai pas décelé, à supposer que cela fût possible.

On vous a reproché des écrits péremptoires…
Jean-Luc Ployé et moi-même étions d’accord sur les conclusions de notre expertise. Mais c’est lui qui les a rédigées, d’une manière affirmée. Moi, j’aurais commencé par « Si les faits sont avérés ».

Pourquoi avoir arrêté les expertises ?
On demande aujourd’hui aux experts de répondre à des questions dépassant leur mission, de prendre une position d’autorité.

En outre, le travail est de moins en moins payé…
C’est vrai, mais cela ne me gênait pas. Ce fut pour moi un terrain clinique, de découverte, de recherche et en même temps d’aide…

Celui-ci condamné à neuf ans de prison, a été réincarcéré le 9 janvier à Grasse, malgré le revirement de son petit-fils Gabriel. Mais son cas doit être à nouveau examiné par la Cour de révision le 16 janvier prochain, en vue d’un éventuel aménagement de la peine.

Nice-matin, 13 janvier 2012

http://www.nicematin.com/article/faits-divers/affaire-iacono-un-expert-admet-une-possible-erreur.756038.html



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