Décryptage : "Quand ça fonctionne", AVFT, 10 janvier 12


 

Décryptage : "Quand ça fonctionne", AVFT, 10 janvier 12

 

 

Dans cet article publié sur son site le 10 janvier 2012, l’AVFT commente deux témoignages de femmes se présentant dans un commissariat pour déposer une main courante, suite à de présumées violences sexuelles subies dans le cadre de leur travail.

Dans les deux cas, on constate non seulement que l’accueil des policiers est très cordial, mais encore qu’ils incitent les intéressées à aller plus loin que leur intention initiale. Voire, dans le premier cas, qu’ils vont d"eux-mêmes plus loin en engageant une procédure judiciaire. Témoignages qui vont complètement à l’encontre de ce que décrit habituellement cette association misandre en matière d’accueil des femmes par l’institution policière.

L’AVFT d’ailleurs, tout en se réjouissant de ces deux épisodes, les présente comme des exceptions. Pour nous, au contraire, venant confirmer des informations venues d’autres sources, ils relèvent d’une règle qu’appliquent les policiers, systématiquement, en conformité à des consignes qu’ils recoivent du pouvoir politique. Il s’agit de faire gonfler artificiellement le nombre de plaintes concernant les divers types de violences présumées subies par des femmes de la part d’hommes, afin de justifier les diverses politiques gouvernementales de lutte contre les violences, discriminatoires en fonction du sexe

Bien sûr, on peut arguer qu’en l’occurrence, la police rend service à d’authentiques victimes qui n’osent pas franchir le pas de la plainte par peur des représailles. Cela doit être le cas parfois. Mais deux autres éventualités existent, qui nous font sceptiques quant à l’efficacité de cette pratique, considérée globalement :

- elle risque de jeter des plaignantes dans un conflit ouvert pour lequel elle ne sont ni motivées, ni préparées, et dont elles ne sortiront pas forcément gagnantes ;.

 

 

- une main courante déposée n’est en rien la garantie que l’accusatrice est réellement victime. Elle peut constituer aussi la première étape d’une fausse accusation. Même si elle est sans conséquence judiciaire, elle crée une rumeur et une suspicion autour du mis en cause, qui est fragilisé, et n’empêche en rien le dépôt ultérieur d’une plainte. C’est le début de l’engrenage. Avant que d’inciter une accusatrice à aller plus loin, il convient d’être prudent et d’évaluer sa crédibilité. Mais les policiers ne sont pas formés aux fausses accusations et ignorent l’ampleur du phénomène.

Ceci dit, quels que soients ses avantages et ses inconvénients, cette pratique constitue une discrimination fondée sur le sexe. On sait en effet que les hommes qui viennent se plaindre d’être victimes de violences de la part de femmes subissent, dans la plupart des cas, le traitement inverse : incrédulité, réticence, voir refus d’enregistrer la plainte (qui peut être réitéré par plusieurs commissariats). Conséquence là encore des consignes du pouvoir politique, qui ne tient pas à voir démenti le fondement implicite de sa politique discriminatoire en matière de prévention, à savoir qu’il n’existe pas d’hommes victimes, ou très peu. Nous sommes dans le cadre d’un service public, et pourtant, il y a différence manifeste de traitement, en fonction du sexe.

 

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10/01/2012
Quand ça fonctionne

Ces derniers jours, deux retours de victimes sur la manière dont elles ont été reçues par les services de police méritent d’être soulignés, non pas, pour une fois, pour la désinvolture (notamment refus de prendre une plainte) qui a caractérisé cet accueil, mais, au contraire, pour la compétence et la mobilisation dont ont fait preuve les agents de police.

Toutes deux, l’une dans le sud de la France, l’autre en région parisienne, n’avaient d’autre intention que de déposer une main-courante, pour laisser une trace, dater un événement, poser un premier jalon dans une encore hypothétique procédure. Elles n’étaient pas décidées à porter plainte, en raison de l’impact possible et probable sur leur contrat de travail, du coût financier -les honoraires d’un-e avocat-e- que cela pourrait entraîner, de la longueur de la procédure, en prise à des doutes sur leur légitimité à dénoncer... les raisons habituelles.

Pour la première, victime de harcèlement sexuel et d’un attouchement sexuel (mains sur les seins) commis par son ex-employeur, l’agent chargé de prendre sa main-courante a interrompu la séance en lui disant que ce qu’elle dénonçait était plus grave que ce qu’il pensait, qu’il préférait lui demander de revenir le lendemain pour avoir plus de temps à lui consacrer dans de bonnes conditions et l’a avertie qu’il souhaitait tout de même aviser le procureur de la République.
Le lendemain, la main-courante est devenue une "première audition de victime", c’est-à-dire un acte qui n’est pas non plus une plainte, mais un acte d’enquête sur une infraction dont la police s’est saisie d’office (ou sur invitation du Parquet, mais l’histoire ne le dit pas).

S’agissant de la seconde, victime de harcèlement sexuel, d’agressions sexuelles (mains sur les fesses) et d’une exhibition sexuelle (son directeur l’a une fois accueillie dans son bureau, lumières éteintes, braguette ouverte et sexe sorti), l’agent de police a insisté pour qu’elle dépose une plainte plutôt qu’une main-courante. Devant le refus de la plaignante, effrayée par les conséquences d’une plainte sur son poste, qu’elle occupe depuis plus de quinze ans, l’agent lui a alors demandé : "Mais vous ne voulez pas qu’au moins on le convoque ? Que ça lui fasse un peu peur et qu’il vous laisse tranquille ?" et lui a dit qu’il se tenait à sa disposition si elle souhaitait transformer sa main-courante en plainte.

Dans un cas comme dans l’autre, la police et/ou le parquet considèrent donc que même en l’absence de plainte de la victime, les faits qu’elle dénonce sont suffisamment attentatoires à l’ordre public pour nécessiter une réaction, voire qu’il faille enquêter et éventuellement poursuivre leur auteur. Alors qu’en règle générale, "l’ordre public" n’est guère troublé par les violences dont les femmes sont victimes au travail. Voire, le silence sur ces violences est au contraire considéré comme une des conditions de cet "ordre public".

Puisse l’année 2012 ainsi continuer...

http://www.avft.org/rubrique.php?id_rubrique=84&jour_pub=2012-01-10



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