RECENSION : les pubs misandres (màj régulières)
- l’homme comme marchandise à acheter ou à consommer (entre autres en tant que donneur de sperme) ;- l’homme défouloir, cible d’une violence légitime de la part de femmes,- l’homme inapte au travail domestique, en particulier à l’utilisation des appareils ménagers, mais aussi au bricolage, activité pourtant considérée comme plutôt masculine ;- plus généralement, inapte à la vie en couple, à la vie sociale ;- le père inapte à l’éducation des enfants ;- l’homme porteur de défauts poussés à l’extrême, tels que la bêtise, la maladresse,la grossièreté, etc.
Crédit mutuel, La niche, 2017
Hervé (le père) donne à manger à Toby (le chien) pendant que sa fille est au téléphone. Echange : il ne comprend pas comment elle s’offre le dernier téléphone à la mode, elle lui répond qu’elle le loue au Crédit mutuel. S’ensuit un étrange dialogue entre Hervé et Toby, le premier apparaissant comme quelque peu à côté de la plaque, ce que ne manque de lui exprimer sa fille : "Je te rappelle que tu parles à un chien..."
https://www.creditmutuel.fr/fr/groupe/communication/films-publicitaires.html
Site de rencontres, dont la particularité est de présenter les hommes comme des animaux à "adopter", ou tout simplement des marchandises à acheter. Son logo est l’image d’une femme poussant un caddie dans lequel est jeté un homme. Ses annonces, illustrées de portraits masculins, miment la pub des supermarchés : Liquidation totale de tous nos frisés, Offre spéciale ours délicatement doux, Série spéciale carottes. Les clientes donnent leur avis.
Deux thèmes :
- l’incompétence masculine en matière de travail domestique ;
- la violence conjugale est légitime si elle s’exerce contre un homme.
Le 28 août Sos Hommes battus saisit l’ARPP, qui lui fait le 2 septembre une réponse ahurissante. Selon l’organisme, la pub a un "ton humoristique", "puisque la femme se "débarrasse de son mari uniquement pour admirer la cuisine". Comme "l’homme réapparaît visiblement indemne", le "film est acceptable pour la majorité du public". La saisine est donc rejetée.
Nuit agitée
- on découvre, à l’intérieur, un homme emmitouflé dans une couverture, avec un extincteur à côté de lui. L’une des femmes dit : "Il a peur qu’on la lui vole. Il a peur des incendies aussi."
- l’homme se réveille en poussant des cris d’effroi. Une fois la fenêtre ouverte, les deux femmes l’interpellent. L’une est son épouse : "N’aie pas peur, chéri, c’est Cerise", et l’autre une conseillère financière : "Si vous avez un problème avec votre auto, Groupama vous la rembourse à sa valeur d’achat pendant trois ans ! "
- elles retournent vers la maison, l’homme les suit en titubant : "Mais où je vais dormir ?". Les deux dernières répliques de son épouse l’achèvent : "Dans ton lit, mon chéri, avec moi." et "Mais non, mon chéri, ne prends pas ton extincteur !".
Pub video de Tabbee pour une tablette internet multimedia, dont le slogan principal est "Découvrez une technologie aussi évoluée sue la femme". De chaque côté de l’image, on lit aussi : "Pour un homme, être instantané ça arrive souvent au lit." "Pour une femme c’est que tout soit à portée de main". Tout cela est organisé autour de l’opposition entre la conjointe, vive, active, qui apprécie la tablette et essaie ses fonctionnalités, et le conjoint, vautré sur un lit, qui attend que ça se passe (le contraire de ce qu’il fait "au lit", sans doute...). Elle dit encore : "Je ne sais pas si le vôtre est comme le mien : un homme ne fait jamais rien tout de suite. Changer une ampoule peut lui prendre des mois".
Suite à deux plaintes auprès de l’ARPP émanant de particuliers,le JDP (Jury de déontologie publicitaire) a publié sa décision le 17 février 2010.
Il donne raison aux plaignants selon lesquels, dans cette pub, "l’homme n’a pas le même niveau d’évolution que la femme." Le Jury "relève que la publicité en cause, dont le message n’a aucun rapport avec le produit dont il est censé faire la promotion, et qui ne saurait se réclamer de l’humour décalé, véhicule en se référant à des stéréotypes caricaturaux, une image particulièrement dévalorisante de l’homme." Par conséquent, elle "contrevient aux dispositions du point 2-2 de la Recommandation Image de la Personne Humaine de l’ARPP". Décision transmise à Orange et publiéee sur le site JDP.
La société Orange, qui avait été informée des plaintes, n’a pas jugé utile de faire des observations ni de se faire représenter !
Groupama, janvier 2009
Nous l’avons revue en janvier 2010 (suite à l’actualisation du produit) : ça marche !
Le gazon d’une propriété familiale, avec des trous, pleins de trou, fraîchement creusés. De l’un émerge la tête du père de famille, défait, qui s’exclame : "Quelle idée j’ai eu d’enterrer nos économies !" Son jeune fils, tout aussi défait, émerge d’un autre trou.
Apparition de deux femmes, complices, tout aussi radieuses, se renvoyant la balle. L’une d’elles est l’épouse, l’autre une représentante de Groupama. L’épouse dit (citation approximative) : "Chéri, pas de problème, j’ai tout placé sur Cerise (= placement Groupama), tout est en lieu sûr, etc." L’autre rebondit : "Eh oui, Cerise, le bon placement à tant pour cent, etc" (les chiffres s’affichent). Dernière réplique assassine de l’épouse qui se retire : "Chéri, t’es mignon, tu me reboucheras tout ça !"
On reconnaît plusiers procédés habituels des pubs misandres :
- le père de famille est un parfait imbécile, qui a des comportements archaïques : il enterre ses économies ! Heureusement, son épouse est passée derrière lui et les a placées ;
- le fils est dans la même situation, dans le même camp que le père : le camp des hommes, celui des abrutis ;
- l’autre camp est celui des femmes, à la fois enjouées et sérieuses, compétentes, qui se comprennent bien et savent ce qui est bon pour le ménage ; l’épouse est à juste titre méprisante pour l’incompétence de son mari (parfois, c’est toute la famille par opposition au père ; ici c’est clairement hommes contre femmes, avec intervention d’une femme hors ménage - comme dans la pub Eram, mai 2004).
Dans une cuisine, un père installe son très jeune enfant sur un siège haut, agite devant lui un biberon Lactel, et lui demande de dire "Papa". L’enfant lui répond tranquillement "Maman". Deuxième tentative, même réponse. La troisième tentative est assortie d’un "... ou c’est Papa qui boit ton biberon L’Eveil !". Même réponse. En même temps l’enfant fait tomber d’un revers du bras une boîte de céréales qui se trouvait sur la table : elles se répandent et le père s’accroupit pour les ramasser. A ce moment la mère entre et s’écrie : "Qui a fait ça ? ". Cette fois, c’est bien "Papa" que répond l’enfant, au grand dam de son père . Une vois féminine décline les mérites du produit.
Cette petite scène a un côté amusant, que nous apprécions. En arrière-plan, cependant, nous retrouvons une caractérisation des rôles familiaux déjà présente dans de nombreuses pubs. Le père est malhabile dans sa relation à l’enfant, et celui-ci, si jeune soit-il, le ressent comme tel, refusant toutes ses offres de complicité. Le père apparaît comme le responsable du mini-désatre de la boîte de céréales, la mère comme celle qui arrive à point pour rétablir l’ordre. L’enfant dès lors choisit clairement la complicité avec la mère, au détriment du père, ridiculisé.
Sprox, marque de chaussures belges, a pour slogan : "Superior Shoes for the Superior sex". Elle produit des pubs mettant en scène des femmes debout dominant de la semelle de leurs chaussures (très costaudes !) des hommes couchés ou du moins en position d’infériorité. En avril, deux pubs avec pour cadre une piscine : deux hommes dominés, l’un couché sur le rebord, l’autre à moitié dans l’eau, s’efforçant d’en sortir. En septembre, c’est plus hard : près d’un feu de cheminée, l’homme est couché sur le dos, torse nu, la femme pose sa chaussure sur son ventre.
En avril, une plainte individuelle est déposée auprès du JEP belge, qui la rejette quelques jours plus tard, analysant cette mise en scène comme "un clin d’oeil évident et n’est pas de nature à être compris au premier degré par le consommateur moyen. Il est d’avis que cette annonce n’est pas de nature à être perçue comme étant dénigrant ou discriminatoire à l’égard des hommes." Le JEP prétend s’appuyer sur le fait que dans la deuxième pub, "l’homme sourit", ce qui est totalement indétectable ! L’appel qui est déposé se voit opposer la même argumentation.
La même plainte est déposée auprès du BVP (devenu ARPP) français (car la pub est aussi présente chez son associé français, Spartoo, et dans des magazines français). Le BVP y répond favorablement : "En effet, cette publicité ne respecte pas les exigences de la Recommandation du BVP intitulée "Image de la Personne Humaine". Ainsi, sachez que nous sommes intervenus auprès de l’annonceur afin qu’il cesse la diffusion de cette campagne publicitaire."
Le 1 octobre 2008, le GES dépose une nouvelle plainte auprès du JEP, qui la rejette le 14 avec les mêmes arguments que précédemment (sauf celui de "L’homme sourit", puisque cette fois le visage de l’homme est caché !). Le GES ne fait pas appel, cette procédure coûteuse ne semblant pas avoir, en l’occurence, une quelconque efficacité.
La nouvelle pub n’apparaît pas en France, ni sur le site de Spartoo, ni dans des mags : conséquence de la prise de position du BVP ?
Voici ce qu’écrivent en introduction les rédacteurs (p. 4) à propos du "porno-chic" : "En 2007, à l’évidence, cette tendance est de retour, essentiellement dans le secteur de l’habillement et du luxe. On constate, en outre, une inversion des rôles, les femmes se retrouvant maintenant de plus en plus souvent en position de domination (deux fois plus de cas de violence et de domination à l’égard des hommes par les femmes que l’inverse)."
En effet, sur les manquements (= cas justifiant l’intervention de l’ARPP) sur le registre "Violence", quatre cas concernent des hommes qui la subissent contre trois des femmes ; sur le registre "Soumission - domination" cinq des hommes et quatre des femmes. Sont reproduites des pubs de Jimmy Choo (janvier-avril), Dolce et Gabbanah. Nous sommes plus particulièrement interpellés par celle de Frankie Morello (août-octobre) : contre un grand arbre, un homme en slip, pantalon baissé sur les chaussures , tête baissée, semble attendre, résigné ; une femme très bien habillée, sac à la main, s’éloigne ; c’est manifestement la représentation d’un après-viol d’homme.
- mélange de pubs effectivement sexistes, et d’autres où n’apparaît pas de volonté d’abaisser, mais de l’esthétisme, de l’humour, du paradoxe ;
- un effort certain d’objectivité, puisqu’il reconnaît, donne des exemples et dénonce aussi la misandrie dans la pub, ce qui est rare ;
- certaines pubs ciblées sont effectivement misandres, comme celle de Frankie Morello, qui crée un réel malaise. Mais l’ARPP n’est peut-être pas en mesure de débusquer d’autres formes de misandrie, plus subtiles et qui s’appuient sur la répétition dans le temps, comme celle des pubs anti-pères, apparemment inoffensives prises individuellement. Ce d’autant plus qu’elles se trouvent essentiellement dans le secteur télé, que n’étudie pas le Rapport.
La scène est dans un restaurant plutôt chic. Un jeune couple à une table : l’homme tient la main de sa compagne et semble lui tenir un discours très amoureux. A une autre table, un portable sonne, son utilisateur un homme le consulte, réjoui, puis se lève et s’éloigne à la grande surprise de sa compagne. La même scène se déroule en un autre endroit du restaurant. A chaque fois, le couple tressaute mais son intimité continue... jusqu’à ce que le portable de l’homme sonne. A son tour, il se lève d’un bond, lance à la jeune femme effarée : "Excuse moi, le boulot !" et se dirige vers les toilettes. A l’intérieur, il retrouve les autres hommes, surexcités, dont l’un avec le pantalon encore baissé - qui visionnent les écrans de leurs portables. On devine qu’ils regardent la Coupe du monde de foot : un but vient d’être marqué : ils hurlent de joie. Formule finale (approximativement), avec apparition du logo : "Ne ratez aucun but de la Coupe du Monde de la FIFA. SFR, partenaire officiel, etc.".
La mère et la fille apparaissent comme des êtres sensibles, attachées aux valeurs non-matérielles. Elles apparaissent aussi comme des victimes impuissantes, qui ne trouvent de ressources que dans une protestation muette. Le père, lui, est clairement grossier et pervers : par sa gloutonnerie, par son incapacité à l’assumer ouvertement, et surtout par le procédé qu’il emploie, n’hésitant pas à piétiner les attachements les plus élevés des deux êtres qui devraient lui être les plus chers.
Nous avons signalé cette pub au Ministère de la parité par courrier le 3-7-04. Il a accusé réception le 8-7. Dans le rapport publié par celui-ci le 15 mars 2005 et intitulé "Synthèse de l’Espace public de débat sur l’image des femmes dans la publicité", il est indiqué que 10% des hommes ayant participé à la consultation se plaignent de l’image des hommes dans la publicité.
Nous avons écrit le même jour à Panzani pour protester : aucune réponse à ce jour
Sur celle de la machine à laver, où il introduit du linge : "Homme comprendre - linge sale - machine" et "Tu vois, le linge ne se lave pas tout seul"
On peut donc voir les images sur leur site : http://www.lameute.fr/prix/2005.php3?pub=lg
Eram, mai 2004, sur TF1
Nous avons signalé cette pub au Ministère de la Parité par courrier le 29-5-04 : il a accusé réception le 30-6. Dans le rapport publié par celui-ci le 15 mars 2005 et intitulé "Synthèse de l’espace public de débat sur l’image des femmes dans la publicité", ilest indiqué que 10% des hommes ayant participé à la consultation se plaignent de l’image des hommes dans la publicité.
Nous avons protesté auprès d’Eram le 4-7 : aucune réponse à ce jour.
Direct assurance, février 2004, sur Arte
Dans le métro, un groupe de personnes assez compact voyage debout. Au premier plan, une jeune femme boit du jus de fruit dans un gobelet. Elle semble importunée par un homme, jeune lui aussi, qui est juste derrière elle et la serre de près, trop près. Excédée, elle se retourne soudain et lui verse le contenu du gobelet sur la tête. Le sentiment de triomphe qui se lit sur son visage est conforté par le groupe qui s’esclaffe. Le nom de l’annonceur apparaît, tandis qu’une voix hors champ assène : "Le message passe mieux quand on est direct".
Le désir masculin est présenté ici comme arrogant et sournois à la fois. Pris sur le fait, il est aussitôt sanctionné et offert à la raillerie publique. Un pur travail de culpabilisation.
Voodoo Hosiery (Australie - 2002)
womenagainstmen.com/advertising/advertising-standards-board-response-on-voodoo-complaint.html
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