Mère jugée pour actes incestueux envers son fils. Tribune de Genève, 31 mars 2010


 

 [ Justice à deux vitesses :

 

- l’inceste maternel n’arrive pratiquement jamais devant les tribunaux. Merci à l’amie de cette femme d’avoir signalé les faits, au risque de n’être ni crue ni suivie : elle a sans dout évité d’autres traumatismes au jeune garçon.

 

- quel père convaincu d’attouchements sur un de ses enfants d’un sexe ou l’autre serait considéré comme ayant agi "sans intention sexuelle", pour apporter "réconfort et amour", et serait acquitté ? Cela ne s’est jamais vu...]

 

 

Mère jugée pour actes incestueux sur son fils

JUGEMENT | Elle était accusée de s’être laissé téter par son garçon de 7 ans alors qu’elle lui caressait le sexe. Le Tribunal de police a acquitté cette ancienne directrice d’école. Le Parquet a fait appel.

L’affaire sort de l’ordinaire et les audiences ont eu lieu à huis clos à la fin de l’année dernière.

Pour la première fois semble-t-il, la justice genevoise s’est penchée sur le cas d’une mère accusée d’avoir adopté un comportement incestueux à l’égard de son fils. Cette ancienne directrice d’école a été jugée pour actes d’ordre sexuel. On lui reprochait d’avoir encouragé son garçon à lui sucer les seins alors qu’elle le caressait partout à même la peau et qu’elle lui touchait le sexe. Les juges ont fini par acquitter la prévenue, estimant qu’il y avait un doute sur ses intentions. Mais le ministère public a fait appel.


Scènes choquantes

Les faits se sont déroulés entre 2004 et 2007 alors que l’enfant avait entre 4 et 7 ans. Nous les rapportons comme décrits par le jugement de 50 pages rendu par le Tribunal de police. Selon ce document, c’est une amie de l’accusée (les deux femmes se sont notamment fréquentées dans le cadre d’une association raélienne) qui l’a dénoncée au Service de la protection des mineurs (SPMI). Lors d’un voyage avec cette famille, cette amie a assisté à des scènes choquantes. En décembre 2007, après avoir transmis le dossier au ministère public, le SPMI a pris une clause péril et retiré la garde de l’enfant à sa mère.

Interrogée par la police, cette femme a dans un premier temps réfuté les accusations. Puis elle a indiqué à l’inspecteur que pendant que son fils était en train de la téter, il était peut-être en érection. Mais elle n’avait rien fait pour ça. Passer sa main sur son sexe "était comme un câlin".
Pourquoi a-t-elle d’abord menti ? Parce qu’elle a eu peur de ne plus revoir son enfant. Elle savait que "par rapport à la loi, ce n’est pas clair, même si pour moi c’est clair et qu’il n’y avait aucune connotation sexuelle". Elle a aussi expliqué que dans la famille, ils étaient naturistes et qu’ils se promenaient souvent nus, surtout en vacances. Enfin, elle avait allaité l’enfant jusqu’à l’âge de 3 ans et demi.

Coup de blues

A 7 ans, il continuait à éprouver le besoin de téter quand il avait "un coup de blues". Mais c’était de plus en plus rare, elle lui disait qu’il devait cesser.

Au foyer dans lequel il a été provisoirement placé, le garçon était heureux de recevoir la visite de sa mère. Toutefois, une éducatrice avait signalé qu’alors que cette femme était assise dans un fauteuil, l’enfant s’était précipité entre ses jambes et avait effectué un mouvement de va-et-vient avec ses hanches. Mouvement qui avait clairement, aux yeux de ce témoin, une connotation sexuelle. Sa mère lui avait dit d’arrêter, ce qu’il avait fait.

Trop fusionnelle

En décembre 2008, la prévenue a récupéré son fils. Elle a reconnu devant les juges avoir été trop fusionnelle avec ce dernier et l’avoir allaité trop longtemps. Mais elle a expliqué avoir agi de manière sincère, pleine d’amour maternel.

Pour le tribunal, il est probable que la prévenue ait caressé le sexe de son fils, mais elle l’a sans doute fait en le câlinant sur tout le corps ". Les juges ont considéré que "bien qu’objectivement le fait de sucer le sein d’une femme ait un caractère sexuel, il paraît également probable que la prévenue n’ait pas eu l’intention d’avoir un comportement qui tendait à l’excitation ou à la jouissance sexuelle".

Elle voulait apporter à son fils "réconfort et amour maternel". Son attitude hors normes s’explique en partie pour le tribunal "par ses valeurs qui la poussent notamment à privilégier une médecine douce, à pratiquer le naturisme, à manger sainement et qui l’ont conduite à allaiter son enfant très tard".

Il existe un doute sérieux sur les intentions malsaines de la prévenue. Et ce doute doit lui profiter. D’où une décision d’acquittement. Suite de la procédure devant la Chambre pénale.

Catherine Focas
Tribune de Genève, 31 mars 2010

tdg.ch/geneve/actu/mere-jugee-actes-incestueux-fils-2010-03-30

 



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