Décryptage : La répartition des tâches ménagères au sein du couple : mode d’emploi. Ipsos, 2008
Décryptage : La répartition des tâches ménagères au sein du couple : mode d’emploi
Enquête réalisée en février 2008 par Mapa, Spontex et Ipsos
Ont été interrogées : 569 personnes des deux sexes vivant en ménage.
Une enquête très « politiquement incorrecte », puisqu’elle prend la peine d’interroger les hommes, au lieu de leur attribuer sans les consulter un stéréotype négatif. Les résultats – ce n’est pas un hasard – vont à l’encontre de toutes les affirmations idéologiques sur le sujet (les hommes ne participeraient pas aux tâches ; ils se sentiraient déshonorés s’ils le faisaient ; d’où la « double journée » des femmes, etc.).
Les principaux enseignements :
1. Les hommes affirment à une large majorité leur implication : faire les courses (75%), laver la vaisselle (71%) et les sanitaires (52%), cuisiner (61%), changer les draps (51%) ou sortir les poubelles (94%), etc.
2. Les hommes affirment ressentir positivement leur implication, et la voient ainsi :
« Cela vous permet de vous sentir bien avec vos proches » : 76%
« C’est votre rôle » : 67 %
« Cela donne une image positive de vous » : 59%
3. Il y a un gros écart entre ce que les hommes disent faire, et ce que les femmes leur voient faire. Sur ce point, le premier tableau proposé est symptomatique. Le premier pourcentage correspond à ce qu’ils disent, le deuxième à ce qu’elles « voient » :
Sortir les poubelles : 94 contre 79
Faire les courses : 75 contre 47
Faire la vaisselle : 71 contre 59
etc.
Notre hypothèse explicative : sur ce sujet en particulier, au bout de quarante ans de conditionnement victimiste, les conjointes (ou une grande partie d’entre elles) sont devenues incapables d’estimer à sa juste valeur la contribution des hommes, et reprennent mécaniquement, sans réfléchir, l’idée selon laquelle ils en font beaucoup moins qu’eux, même si ce n’est pas (ou plus) la réalité.
Cela ne se retrouve pas dans l’autre sens : les hommes voient à peu près la totalité de ce que les femmes disent, par exemple :
Laver les sanitaires : 97 contre 90
Changer les draps : 97 contre 94
Trier le linge, lancer la machine : 97 contre 94
etc.
4. Il y a toujours un noyau dur de ménagères, assez important, qui ne souhaite pas l’implication des hommes : « Ce n’est pas son rôle » : 21%
Dans ces cas, la comparaison n’a pas lieu d’être.
Si l’on en croit leurs déclarations, les hommes d’aujourd’hui sont donc très attentifs aux tâches ménagères, soucieux d’en effectuer leur part à égalité, et même fiers de le faire. Même si leurs conjointes sous-estiment leur implication, et parfois refusent leur aide.
Gênés aux entournures, les enquêteurs d’Ipsos renoncent pour une fois à parler de la condition des femmes en couple de manière victimiste Ils se rabattent sur le constat de « réelles différences de perception », ce qui semble beaucoup plus approprié.
Les deux sexes étant interrogés, les images respectives qu’ils donnent d’eux-mêmes s’équilibrent. C’est pourquoi le choix de cette méthodologie est rare : elle ne sert en rien le victimisme. Il y a gros à parier qu’elle ne va pas se généraliser.
Patrick Guillot
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