Un dispositif rien que pour les femmes en Poitou-Charentes. Le Monde, 30 mai 2006


[Un dispositif pour l’emploi ouvertement sexiste, mis en place par un Conseil régional ! Stupéfiant ! D’aucuns suggéreront que ce n’est pas un hasard si ça se passe en Poitou-Charentes...]
 
 
Un dispositif rien que pour les femmes en Poitou-Charentes
 
Avec un bac professionnel en poche, cette Poitevine de 33 ans a longtemps été contrôleuse qualité. Mais ni son diplôme ni son expérience professionnelle ne lui ont permis de retrouver du travail, depuis qu’elle s’est inscrite à l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE), en janvier 2004. Elle a donc décidé de franchir le pas et de s’orienter vers un métier qui l’a toujours intéressée : dessinateur-métreur. Elle débutera dès le 6 juin une formation de 868 heures, afin de préparer un diplôme d’étude et d’économie de la construction, au pôle bâtiment du groupement d’établissements pour la formation continue (Greta) de la Vienne. Un parcours financé par le premier des 1 000 chèques-formation pour les femmes [il n’y a pas de chômeurs hommes en Poitou-Charentes, c’est bien connu...], créés par le conseil régional de Poitou-Charentes, au début du mois d’avril.
 
Cette aide individuelle s’adresse à celles qui n’ont pas d’emploi et ne sont pas indemnisées. Elle vise à les faire accéder à une qualification de niveau V (BEP-CAP) ou IV (BAC), en passant par les titres professionnels du ministère du travail. Le dispositif commence à trouver sa traduction concrète, moins de deux mois après son lancement. Quatre dossiers constitués par des agences de l’ANPE sont en cours d’instruction, au conseil régional. Le réseau des agences pour l’emploi a par ailleurs identifié trois autres personnes, dans la Vienne et en Charente-Maritime, qui sont susceptibles d’entrer en formation d’aide-soignante.
 
Le temps minimum de formation financé pour chaque projet validé oscille entre 800 et 1 000 heures. Un bonus [en fait un deuxième bonus...] est accordé à celles qui s’orientent vers les secteurs sous tension, les métiers qui ne sont pas réputés féminins ou ceux qui relèvent des priorités régionales. Le dispositif intègre une rémunération et, le cas échéant, une aide à la mobilité. Les services du conseil régional travaillent sur la possibilité d’y adjoindre des chèques emplois-services universels pour que les bénéficiaires puissent "faire face aux difficultés de gestion de leur vie quotidienne pendant la formation". Le public ciblé est large [tu parles ! Il est circonscrit à une moitié de la population !]. En Poitou-Charentes, les agences de l’ANPE ont identifié environ 6 300 femmes de plus de 26 ans qui ne sont pas indemnisées et qui n’ont pas de diplôme de niveau V. Onze mille autres ont un diplôme de ce type mais ne trouvent pas de travail.
 
"Une première étape" [Quelle sera la suivante ? L’interdiction faite aux hommes de travailler ?]
 
L’initiative complète des dispositifs créés antérieurement par le conseil régional, en partenariat avec la direction régionale de l’Agence pour l’emploi, dans le but d’aider les demandeuses d’emploi à évaluer leurs acquis afin qu’elles s’orientent vers un projet professionnel en adéquation avec le marché du travail.
 
"On est en train de mettre en place, petit à petit, une nouvelle philosophie [sexiste...] d’accès à la formation", résume Sylvie Petitjean, qui dirige les services chargés de ce dossier à la Maison de région : "L’enjeu est de créer un droit attaché à la personne [...de sexe féminin] et non plus à son statut. Le "chèque femmes" [!!!] est une première étape." Cette démarche prendra du temps. Dans le domaine de la formation, la région ne compte pas moins de 45 organismes financeurs. En aval, les organismes de formation devront, eux aussi, s’adapter : "On est rentré dans l’ère de la validation des acquis de l’expérience. Il est aberrant de faire suivre à tous les mêmes stages de formation."
 
Si l’ANPE reste le seul prescripteur pour les nouveaux chèques-formation, le conseil régional étudie des partenariats afin d’étendre le dispositif à un public plus large [à condition qu’il soit du bon sexe !]. Il s’est déjà rapproché de l’Association pour la gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph) pour un cofinancement des parcours de formation des femmes en situation de handicap [merci pour les handicapés hommes !]. Il souhaiterait aussi associer les départements, pour élargir le champ des bénéficiaires potentiels aux femmes qui perçoivent le RMI [merci pour les RMIstes hommes !]. Une démarche déjà bien engagée avec le conseil général de la Charente.
 
Alan Defaye
 
Le Monde, 30 mai 2006
 


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