Les nouveaux pères britanniques pourront pouponner aux frais de l’état. Le Monde, 23 octobre 2005


 

[Le système anglais : douze mois pour le couple, dont six pour le père si la mère reprend le travail au bout de six mois]

 

Les nouveaux pères britanniques pourront pouponner aux frais de l’état

Les pères de famille britanniques pourront bientôt s’occuper de leur bébé pendant trois mois aux frais de l’Etat. Le gouvernement leur promet de porter ensuite, avant la fin de la législature ­ probablement en 2009 ­ ce congé de paternité à six mois.

Actuellement, les femmes britanniques ont droit à un congé de maternité de six mois. Pendant les six premières semaines, elles touchent 90 % de leur salaire ; ensuite, elles reçoivent une rémunération forfaitaire, quel que soit leur salaire réel, de 106 livres (155 euros) par semaine. Cette indemnité est versée par les employeurs, à qui elle est remboursée par le Trésor. A certaines conditions, les mères peuvent prendre six mois supplémentaires, non payés.

Selon le projet de loi rendu public mercredi 19 octobre, le congé de maternité rémunéré sera porté à neuf mois en avril 2007 et à un an au cours de la législature. Les pères bénéficieront de cette mesure. Ils n’ont droit aujourd’hui qu’à deux semaines de congé rémunéré. A l’avenir, si leur femme reprend le travail au bout de six mois, ils pourront toucher à sa place l’indemnité forfaitaire. Soit au maximum pendant trois mois, à partir d’avril 2007, et jusqu’à six mois, dans un second temps.

Ces mesures devraient apporter à chaque famille un surcroît moyen de revenu de 1 400 livres (2 045 euros). Elles représenteront pour l’Etat une dépense supplémentaire de 360 millions de livres (530 millions d’euros). Leur coût direct supporté par les employeurs sera marginal.

LES PETITES ENTREPRISES HOSTILES

Actuellement, seulement 2 % des salariés prennent un congé de paternité. Cette pratique reste entourée d’un préjugé défavorable. Selon le ministre du commerce et de l’industrie, Alan Johnson, 9 000 pères devraient vouloir profiter des dispositions de la nouvelle loi dès son entrée en vigueur.

Celles-ci, estime le ministre, ne présentent que des avantages. Elles donneront plus de moyens financiers, de temps et de liberté aux couples pour assurer la garde et les soins de leur nouveau-né. Elles permettront à un nombre accru de femmes de retourner, si elles le souhaitent, plus vite au travail après leur maternité. Ces dernières seront moins inquiètes pendant les premiers mois du sort de leur enfant si leur mari s’en occupe à la maison, ce qui ne peut qu’améliorer leur productivité.Les mesures annoncées mercredi ont le soutien des syndicats et des grandes organisations patronales.

Elles suscitent, en revanche, l’hostilité des petites entreprises. Le Forum des entreprises privées dénonce "une tentative cynique du gouvernement de se donner une image favorable à la famille sur le dos des petites entreprises, qui vont souffrir". Les petites entreprises redoutent surtout qu’on fasse pression sur elles pour qu’elles paient aux pères en congé leur salaire intégral, comme elles le font déjà souvent en faveur des femmes en congé de maternité.

Jean-Pierre Langellier

Article paru dans l’édition du 23.10.05 Le Monde

 


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