Les relations des parents séparés avec leurs enfants devenus adultes. Insee première, juin 2008


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[Extraits d’un article commentant une enquête de l’Insee : « Etudes des relations familiales intergénérationnelle » (Erfi), réalisée par l’Insee et l’Ined à l’automne 2005, à laquelle 10 079 personnes, âgées de 18 à 79 ans ont répondu.
 
Le texte complet avec les tableaux est en ligne :
 
Les principaux enseignements de l’enquête, concernant les conséquences les procédures de divorce :
 - c’est essentiellement la relation père-enfants qui s’espace, y compris après que les enfants soient devenus adultes
 - les enfants devenus adultes résident plus loin de chez leur père que de chez leur mère
 
- cet espacement est d’autant plus fort que le père est d’un milieu modeste
 
- il est aussi d’autant plus fort que les enfants étaient jeunes quand la séparation a eu lieu.]
 
 
Les relations des parents séparés avec leurs enfants adultes (extraits)
 
(…)
Lorsque deux conjoints rompent et élisent domicile séparément, le maintien de fortes relations entre les enfants et chacun des deux parents devient plus difficile. De fait, les deux enfants devenus adultes résident le plus souvent près de leur mère et ce sont les rapports avec le père qui sont principalement affectés. Par conséquent, les pères se déclarent peu satisfaits des relations avec leurs enfants alors que l’appréciation des mères diminue moins fortement.
 
(…)
 
Les parents de milieux aisés ont des relations plus fréquentes avec les enfants majeurs d’une union rompue que les parents de milieux modestes. Les écarts entre catégories sociales sont plus importants pour les hommes  : 48% des enfants majeurs de parents séparés qui ont un père cadre le voient au moins une fois par mois contre seulement 19% des enfants d’ouvriers ou d’employés non-qualifiés. De même, 13% des enfants de cadres issus d’une union rompue ne voient jamais leur père, contre 46% des enfants d’ouvriers ou d’employés non-qualifiés.
 
(…)
 
Le milieu social de la mère pèse également sur ses relations avec ses enfants issus d’une union rompue, mais les écarts sont moins importants que pour le milieu social du père. 67% des enfants majeurs dont la mère est ouvrière ou employée non-qualifiée la voient au moins une fois par mois contre 78% de ceux dont la mère est cadre. La proportion est de 61% quand la mère n’a jamais travaillé. Contrairement au père, l’absence de relations entre la mère et ses enfants majeurs reste marginale (9%).
 
(…) 
 
Les enfants des milieux populaires qui ont quitté le domicile familial vivent en général près de leurs parents lorsque ces derniers sont ensemble. Les rencontres sont alors fréquentes : 77% des enfants majeurs d’un père ouvrier ou employé et 81% des enfants d’une mère salariée non-qualifiée les voient au moins une fois par mois. Mais quand le couple parental est rompu, la proportion n’est plus que de 19% pour les pères et de 67% pour les mères. L’écart est donc très net pour les relations avec le père.
Lorsque les parents sont séparés, les enfants majeurs habitent plus souvent loin de leur père : 48% de ceux dont le père est ouvrier non-qualifié vivent alors à plus de deux heures de chez lui, contre seulement 20% quand les parents sont ensemble.
 
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Mais surtout, les adultes de milieux aisés surmontent sans doute plus facilement l’obstacle de la distance car ils ont davantage les moyens de financer les déplacements ou d’héberger chez eux leur famille. A distance égale, que les parents soient séparés ou non, ce sont toujours les enfants issus de milieux aisés qui fréquentent le plus leurs parents. Dans les milieux populaires, les enfants dont les parents vivent ensemble les voient plus souvent parce qu’ils habitent plus près d’eux.
 
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Quand leurs parents sont séparés, les enfants majeurs ont des relations d’autant moins étroites qu’ils ont cessé d’habiter avec eux avant leur majorité. En effet, les enfants rendent plus souvent visite à leur père ou à leur mère quand ils ont quitté le foyer familial après leurs dix-huit ans. Seuls 30% des enfants majeurs qui ont cessé de vivre avec leur père avant leurs dix-huit ans le voient au moins une fois par mois, contre 52% de ceux qui ont cessé d’habiter avec lui après leur majorité. Pour les relations avec la mère, la fréquence des rencontres est de 52% dans le premier cas et de 71% dans le second.
 
(…)
 
En outre, à l’age adulte, les enfants qui ont vécu avec leurs parents au-delà de leurs dix-huit ans habitent plus près de lui.
Après une rupture, la moitié des pères vivent une séparation précoce avec leur enfant. Dans 80% des cas, la rupture a eu lieu quand l’enfant était encore au domicile familial. Parmi les enfants majeurs dont les parents se sont séparés, un sur deux a cessé de vivre avec son père avant sa majorité et un sur cinq avec sa mère. La séparation est plus souvent précoce pour les pères ouvriers ou employés que pour les cadres.
 
Emile Vivas, division Enquêtes et études démographiques
 
INSEE PREMIERE, n°1196, juin 2008
 
 


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