- Oui, même s’ils sont très minoritaires parmi les victimes. Seuls 3% à 5% des appelants au 39 19, le numéro d’appel national destiné aux victimes de violences conjugales, sont des hommes.
Illustration parfaite du raisonnement biaisé que permet la discrimination : on exclut les hommes du dispositif, donc ils ne se manifestent pas, donc on se permet d’affirmer qu’ils sont peu nombreux !
mars 2010
"Le 3919 s’élargit", annonce le site du ministère du Travail. Les naïfs croient peut-être qu’il s’élargit aux hommes violentés. Ils ont tort : "Son domaine d’intervention est élargi à toutes les formes de violences au delà des violences conjugales."
Effectivement il "s’élargit" à trois autres types de violences, d’où désormais les quatre entrées suivantes : Violences conjugales / Mutilations, mariages forcés / Agressions sexuelles, viols / Violences au travail. Pourquoi pas ?
Mais, bien évidemment, ces quatre types de violence sont toujours considérées comme ne faisant que des victimes féminines. Si vous cliquez sur l’une ou l’autre entrée, vous verrez apparaître une rubrique "Témoignages. D’autres femmes ont vécu ces expériences avant vous". Et effectivement, tous ces témoignages sont féminins. Les seuls hommes qui apparaissent sont des policiers qui, eux aussi, n’évoquent que des victimes féminines.
stop-violences-femmes.gouv.fr/outils/appelez-le-3919.html
Rapport 2010 de l’OND
Dans le chapitre intitulé Eléments de mesure des violences entre conjoints (p. 271), et dans la sous-partie La Fédération nationale Solidarité femmes : "3919" (p. 280), des chiffres valables pour 2009 :
Nombre de fiches renseignées : 14 860, dont 475 concernant des hommes victimes, soit 3,2%
Les rédacteurs pulvérisent tous les records d’hypocrisie : "Si la FNSF a pour vocation la lutte contre les violences faites aux femmes, son service d’écoute n’est pas fermé aux hommes victimes."
Mais si, il est fermé, justement ! En tous cas il se présente comme tel, et c’est pourquoi ils l’utilisent si peu, même si c’est un peu plus qu’auparavant, dans un accroissement désespérément lent..
Papier et DVD, CNRS Editions
25 juillet 2011
La FNSF publie sur son site Les données 2010 du 3919 :
19 707 appels concernant la violence conjugale
2,1% de ces appels concernent des hommes victimes de femmes.
Ca ne s’améliore pas !
solidaritefemmes.org/ewb_pages/a/actualite-764.php
novembre 2011
Le 3919 est au centre de la première campagne du Plan interministériel 2011-2013, présentée par la ministre des Solidarités, Roselyne Bachelot. La campagne s’intitule « Violences contre les femmes. Osez en parler » L’objectif « est de sensibiliser et d’informer les femmes victimes de l’existence du 3919, numéro d’appel d’aide, pour accompagner et orienter les femmes, victimes de violences ». Et seulement les femmes. La campagne presse comprend deux témoignages de victimes, toutes deux féminines, et deux témoignages de professionnelles, féminines elles aussi : les hommes sont rejetés dans les ténèbres extérieures, celles de auteurs de violences.
Dans le même temps, la FNSF, à l’occasion du 25 novembre mais aussi sous couvert de promouvoir le 3919, lance sa propre campagne, intitulée « Bourreau banal ». Le bourrreau y est représenté sous trois formes, masculines exclusivement : des hommes d’apparence effectivement banale, qui ont cependant une particularité dérangeante, au niveau de leurs mains. L’un a les doigts et les ongles crochus, à la manière des rapaces ; l’autre a les mains prolongées par une prothèse métallique avec des crochets ; le dernier porte des gants épais, du genre de ceux qui permettent de ne pas laisser de trace. Le numéro de téléphone est nettement affiché dans le coin droit, en bas. Le texte explique qu’il ne faut pas se fier à l’apparence anodine des auteurs de violences, toujours évoqués au masculin, laquelle peut être un camouflage pour tromper les victimes, toujours évoquées au féminin
30 novembre 2011
Le Groupe d’études sur les sexismes (GES) saisit le Défenseur des droits à propos de la campagne "Violences contre les femmes. Oser en parler" (paragraphe précédent), pour discrimination fondée sur le sexe.
Rapport 2011 de l’ONDRP
p ; 321, 5. La Fédération nationale solidarité femmes : "3919"
L’article reprend les données fournies par la FNSF pour 2010 (voir 25 juillet 2011), et en fournit d’autres. On apprend ainsi que 16027 appels ont fait l’objet d’une fiche de renseignements. Parmi elles, 337 correspondent à la situation homme victime - femme auteur, soit 2,1 %. Rien d’étonnant
Ce qui est stupéfiant, c’est le paragraphe qui suit (p. 323) :
Important - la FNSF a fait le choix en 2010 d’analyser uniquement les situations où une femme est victime de son partenaire masculin, soit 15 231 fiches, 95 % des 16 027 fiches renseignées. Aussi, les développements qui suivent se basent sur ce volume de 15 231 fiches.
Suivent cinq pages d’analyse des dites fiches ! On ne peut mieux dire : la FNSF ne s’intéresse pas, et ne veut pas s’intéresser (bien qu’elle soit payée pour cela) aux hommes victimes. Pour elle, ils n’ont pas à exister...
10 avril 2012
Le Défenseur des droits rejette la saisine du GES du 30 novembre 2011 au titre que :
"il ne ressort pas des pièces du dossier que la campagne d’information sur le 3919, qui ne fait en aucun cas obstacle à ce qu’un homme, victime d’actes de violence puisse appeler le standard téléphonique dans les mêmes conditions qu’une femme, contribuerait à subordonner le droit d’accès au 3919 à la condition d’appartenir au sexe féminin."
En l’occurence, le Défenseur joue sur les mots. Ce n’est pas le fonctionnement de l’outil 3919 qui est discriminatoire, c’est la campagne qui le présente, et qui, très explicitement, s’adresse exclusivement aux personnes de sexe féminin.
Ce que confirme le Défenseur dans le paragraphe suivant :
"la campagne d’information relative au 3919 ne vise pas à stigmatiser la population masculine, mais tend à remédier, dans le cadre des violences conjugales, au problème spécifique des violences "sexuées", c’est-à-dire des violences qui touchent les femmes et les visent en tant que telles."
Ce qui ne fait que conforter le propos du GES : la campagne est sexuée, elle ne s’adresse qu’aux femmes victimes. Il y a bien discrimination.
17 juin 2012
La FNSF publie Extrait de l’analyse globale des appels 3919-Violences Conjugales Info Année 2011
Elle y recense le nombre de fiches remplies en 2011 suite à des appels concernant des violences conjugales : 14459
Celles qui concernent un homme victime et une femme auteur : 291, soit 2%.
Donc rien de bien nouveau. Mais pour la première fois, la FNSF prétend donner par extrapolation des appels reçus, une estimation globale des violences conjugales subies par les femmes en France. Cette extrapolation n’a évidemment aucune validité, et de ce fait elle donne un résultat extravagant : 2 490 697 femmes âgées de plus de quinze ans victimes, soit 9,1 % !!! Depuis l’ENVEFF, personne n’avait jamais osé lancer un chiffre aussi fou. Rappelons que l’ONDRP donne toujours une estimation autour de 300 000.
En l’occurence la FNSF sort clairement de ses prérogatives.
Rapport 2014 de l’ONDRP (porte sur 2013)
Partie 6 de Eléments de mesure des violences au sein du couple en 2013
p. 21. Les appels téléphoniques reçus sur la plateforme "3919 - violences conjugales info" par la fédération nationale solidarité femmes
Nombre de fiches remplies suite à appels : 15682 (+ 4 ;7 % y compris fiches non-renseignées)
Nombre de fiches renseignées : 13834
Fiches impliquant une femme victime et un homme auteur : 13324 = 96,3%
Fiches impliquant un homme victime et une femme auteur : 231 = 1,7%
Fiches impliquant un femme victime et une femme auteur : 168 = 1,2%
Fiches impliquant un homme victime et un homme auteur : 111 = 0,8%
Sexe des appelants : 12412 femmes et 904 hommes, soit 9 sur 10.
Rapport 2015 de l’ONDRP (porte sur 2014)
Partie 2 de Eléments de mesure des violences au sein du couple en 2014
p. 4 : Les violences conjugales selon le "3919-Violences Femmes Info"
Nombre de fiches remplies suite à appels : 17575 (+ 12 %)
Nombre de fiches renseignées (= comportant sexe de la victime et de l’auteur) : 17337
Fiches impliquant une femme victime et un homme auteur : 16776 = 96,8%
Fiches impliquant un homme victime et une femme auteur : 233 = 1,3% (en baisse, malgré l’augmentation globale des appels)
Fiches impliquant un femme victime et une femme auteur : 1%
Fiches impliquant un homme victime et un homme auteur : 1%
p. 8 Tableau 2
Nombre et part des fiches selon le types de violences subies (concerne seulement les fiches de femmes victimes d’hommes, et qui sont renseignées, soit 12047) :
Physiques : 8932 = 69,7%
Sexuelles : 766 = 6,4%
Verbales : 9045 = 75,1 %
Psychologiques : 10362 = 86%
Economiques : 2801 = 23,3%
Administratives : 266 = 2,2%
Tous les tableaux statistiques élaborés dans cette étude prennent en compte exclusivement les femmes victimes d’hommes).
Rapport 2015 de l’ONDRP (porte sur 2014)
Nombre de fiches remplies suite à appels : 16562
Nombre de fiches renseignées (= comportant sexe de la victime et de l’auteur) : 16348
Fiches impliquant une femme victime et un homme auteur : 96,8%
Fiches avec d’autres implications : 3,2%