L’Euguelionne, de Louky Bersianik (1976 ; extrait)


L’Euguelionne, de Louky Bersianik
 
[Louky Bersianik est née à Montréal, où elle a fait des études littéraires, poursuivies à la Sorbonne. Elle a publié des livres pour enfants puis, dans les années 80 et 90, des recueils poétiques, des essais et un roman. Entre temps, en 1976, elle a produit L’Euguélionne (Hachette Littérature), qualifié par ses admiratrices de "premier roman québécois d’inspiration féministe".
 
Il s’agit en fait d’une incantation, aux qualités lyriques certaines, mais habitée d’une obsession misandre d’une rare violence. On en jugera par le passage ci-après, intitulé symptomatiquement "Le plus grand crime de l’histoire" : celui des hommes, bien sûr, "le massacre sexuel et intellectuel des individus femelles", qui "contient en germe tous les autres grands crimes historiques de l’Humanité".
 
On peut en lire davantage à http://sisyphe.org/article.php3?id_article=1292, sur le site des pseudo-féministes de Sisyphe, qui ne craignent pas, en toute bonne conscience, de promouvoir ce sinistre monument de l’art misandre !]
 
XIX
 
LE PLUS GRAND CRIME DE L’HISTOIRE
 
739. Les Hommes de votre planète sont naïfs, dit l’Euguélionne. Ils croient que ce sont eux les Mozarts assassinés !
Les Hommes de votre planète sont naïfs, dit l’Euguélionne, car ils n’ont pas encore compris quel était le plus grand crime de leur histoire.
Et ils cherchent à sauver le Futur de l’Humanité en proclamant l’Unité de l’Homme, ils ne savent pas le définir mais ils veulent l’unifier et ils se réunissent en petits comités d’experts et sur les seules épaules expertes de ces Hommes repose l’échéance d’une déflagration possible de votre petite planète.
 
740. Les Hommes, dit l’Euguélionne, sont amoureux d’eux-mêmes et comme tous les amoureux, ils se croient seuls au monde.
Ils se croient seuls dans le cosmos à l’exclusion de tout être intelligent et ils se croient seuls sur leur planète à l’exclusion de tout autre sexe intelligent.
Les Hommes, dit l’Euguélionne, n’ont pas encore compris que le plus grand crime de leur histoire est aussi le plus ancien, car c’est celui qui a engendré tous les autres crimes de l’Humanité.
 
741. Ils n’ont pas encore compris que le massacre sexuel et intellectuel des individus femelles de leur espèce contient en germe tous les autres grands crimes historiques de l’Humanité.
Les Hommes, dit l’Euguélionne, n’ont pas encore compris que ce crime était le plus grand puisqu’il est fondé sur le Pouvoir Absolu, sur l’Autocratie du Phallus, sur la prétention de se croire supérieur par rapport à un autre sexe. Tous les crimes relèvent de cette aberration mentale.
Mais ce crime passe inaperçu. Il est oublié. Il n’est nulle part mentionné dans les traités d’histoire ou de criminologie.
On fait comme s’il n’avait jamais existé. On fait comme s’il ne continuait pas à se commettre chaque jour.
 
742. Celui qui dit que le massacre des femmes est folklorique, celui-là est un de ceux qui en profitent le plus, dit l’Euguélionnne. C’est un souteneur de tempérament, un souteneur qui s’ignore, c’est un pimp, un maquereau, un bum des quartiers résidentiels.
 
743. Je lui demande à celui-là d’aller un peu se promener du côté de Notre-Dame-Hors-les-Murs et de prendre la peine d’écouter la plainte des Paramécies Massacrées.
Derrière ce mur, c’est tout le potentiel non exploité des femmes qui gît là depuis des siècles, qui pourrit, qui ne cesse de pourrir et de vous empoisonner. C’est là votre pollution première.
Derrière ce mur, c’est tout le potentiel non exploité des femmes que vous avez mis en friche pendant des siècles, qui crie vers vous et demande vengeance.
C’est leur corps-objet, c’est leur corps-machine-à-tout-faire, c’est leur corps-machine-à-reproduire, qui crie vers vous. C’est leur corps affublé de la dérisoire "robe de mariée" que vos trahisons ont déchiquetée et que vous persistez à vouloir leur faire endosser. C’est leur corps plein de la Grossesse Nommée Non-Désir, que vous comprimez de force neuf mois durant pour en faire sortir un fruit non désiré et déjà en surnombre dans la corbeille universelle.
 
744. Vous vous arrachez les cheveux, et vous vous pincez le nez et vous dites. " Il y a quelque chose de pourri dans notre royaume." Et depuis des siècles, vous promenez votre flair à ras de sol et à ras de ciel pour découvrir la source de la pourriture.
 
745. Allez donc, dit l’Euguélionne, vous promener du côté de Notre-Dame-Hors-les-Murs. Et découvrez le dépotoir où vous jetez encore vos Paramécies Massacrées. Et ayez le front de dire que le massacre des femmes de votre espèce n’est qu’une histoire du passé.
[...]
 


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